4 conseils de Camille Jourdain, Consultant en Influence Marketing
Consultant en Influence Marketing, co-auteur du livre “Influence Marketing, Stratégies des marques avec les influenceurs” et intervenant Social Media en école, Camille Jourdain est une des figures montantes des nouveaux métiers liés à l’influence et aux réseaux sociaux.
J’ai souhaité l’interviewer pour en savoir plus sur son parcours professionnel et connaître ses conseils d’expert pour réussir sa campagne en marketing d’influence.
Lecture de 5 min.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après le bac, je suis sorti de l’école avec un Master en Marketing en poche et plusieurs expériences dans le digital. Après plusieurs stages chez l’annonceur, j’ai travaillé principalement en agence en tant que Community Manager puis Social Media Manager et plus récemment Responsable de la Communication Digitale. Ensuite, je me suis lancé à mon compte en créant une activité de consulting / formation en Social Media et Influence Marketing.
Parallèlement, j’écris depuis 2008 sur mon propre blog camillejourdain.fr, un blog éponyme qui a été déterminant dans mon parcours puisqu’il m’a permis d’acquérir de la visibilité, de partager mes découvertes, de gagner en expertise et de me positionner en tant que spécialiste du digital. Plus de 1000 articles y ont été publiés, avec des analyses de tendances, des interviews de professionnels, des résumés d’événements ou encore des présentations de livres…
Comment avez-vous atterri dans le marketing d’influence ?
Très tôt, grâce à mes expériences dans les réseaux sociaux, j’ai développé un intérêt pour le marketing d’influence, un levier d’avenir pour les marketeurs ! Cela s’est fait naturellement, puisque les réseaux sociaux correspondent aux espaces de discussion préférés des influenceurs.
Même si les réseaux sociaux restent essentiels pour les marques, la portée naturelle diminue grandement et on observe une hausse constante de la visibilité des publications sponsorisées. Il faut même envisager un retrait de toutes les publications non-sponsorisées des flux d’actualité des principales plateformes dans un futur plus ou moins proche.
Si la plupart des marques ont déjà régulièrement recours au levier payant pour booster leurs publications, prendre conscience que d’autres leviers existent peut donc s’avérer très utile. Dans ce contexte, pour communiquer efficacement, les marques ont donc intérêt à miser sur un levier qui a le vent en poupe: les influenceurs.
Le sujet me passionne tellement que j’ai eu envie d’écrire un livre avec Guillaume Doki-Thonon, Fondateur de Reech, startup spécialisée en Influence Marketing.
Que donneriez-vous comme conseil à une marque pour trouver les bons influenceurs à contacter ?
Pour mettre en place une stratégie d’Influence Marketing efficace, il faut identifier des influenceurs en phase avec la marque et ses produits.
Il arrive effectivement que les influenceurs refusent des partenariats proposés par des marques. Ils sont 66% à avoir refusé des partenariats dans l’année d’après la dernière étude de Reech “Les influenceurs x Les marques”. Les raisons principales sont les suivantes: un manque d’intérêt pour la campagne (73%) mais aussi une incompatibilité avec leurs valeurs (59%).
Concrètement, deux options s’offrent aux marques pour l’identification, soit en effectuant une veille sur les réseaux sociaux et en utilisant les hashtags sur les moteurs de recherche, une méthode “manuelle” très chronophage, ou en utilisant une solution dédiée comme Reech, Mention ou Social Sprout.
Dans les deux cas, il est indispensable de cibler les bons influenceurs, ceux qui vont permettre d’atteindre les objectifs marketing.
Il est possible de les classer dans 3 grandes catégories.
- la Top Tail (1M d’abonnés) ayant une force de frappe importante et un objectif d’image/notoriété.
- la Mid Tail (entre 10K et 1M d’abonnés) avec plus d’authenticité, un meilleur ciblage et une dilution des risques.
- la Long Tail (1K – 10K abonnés) ayant plus d’implication, de conversation et un potentiel d’évolution important.
Selon vous, sur quoi repose le succès d’une campagne de marketing d’influence ?
Le succès repose principalement sur une bonne analyse de la data, car le marketing d’influence est “data driven”, piloté par la donnée. Son objectif : trouver le créateur de contenu qui correspond aux besoins de la marques et à ses attentes en terme d’objectifs.
Il est essentiel de ne pas se baser uniquement sur des critères quantitatifs comme la taille de la communauté.
Les entreprises doivent faire appel à la technologie pour matcher avec les meilleurs influenceurs, étudier minutieusement leur profil en analysant les caractéristiques de leurs abonnés comme l’âge, la localisation, les centres d’intérêt et tout un tas d’autres données.
L’optimisation du marketing d’influence réside dans la combinaison d’une fine exploitation des données (aidée par l’intelligence artificielle et le machine learning) et d’un sens de la créativité bien exploité.
En plus de cette étude en amont des données, chaque campagne doit être conclue par une analyse du ROI. Aujourd’hui, la plupart des annonceurs ne s’estiment pas encore capable de calculer le ROI de leur campagne.
Les KPIs comme le taux d’engagement, le KPI de loin le plus suivi par les marques, la portée et les impressions, sont déterminants dans ce reporting du ROI, tout comme le trafic, le nombre d’abonnement et les ventes.
Une étude montre que les ventes post-exposition ou chez les revendeurs représentent 86% des ventes attribuables à une campagne d’influence marketing.
Il est primordial d’utiliser des indicateurs bien adaptés au marché de l’influence comme l’EMV (Earned Media Value), une méthode comparative fréquemment utilisée par les experts du secteur pour calculer la valeur média d’une campagne d’influence.
Un exemple de campagne influenceurs réussie en tête ?
Oui, une campagne récente réalisée sur la plateforme dont tout le monde parle en ce début d’année : TikTok.
La marque Capri-Sun a décidé d’innover en lançant son #Caprimove challenge sur un réseau en forte affinité avec ses consommateurs.
L’objectif : sensibiliser ses fans aux bons gestes autour de la question du recyclage.
La campagne en chiffres : 3 influenceurs sollicités, 1.755.000 de personnes touchées sur TikTok, plus de 135 K d’engagement cumulé, plus de 945 K vues et un sentiment très positif sur cette initiative auprès des millenials.
Quelles sont les erreurs qu’une marque doit à tout prix éviter avec un influenceur ?
Les trois types d’erreurs à éviter absolument selon moi:
- Une sur-sollicitation, un mauvais timing et des propositions qui ne correspondent pas suffisamment aux attentes des influenceurs.
- Une standardisation des dispositifs, trop de placements de produits ou de codes promo, des propositions qui manquent de créativité.
- Une mauvaise utilisation des plateformes et des messages d’approche qui ne sont pas suffisamment personnalisés.
Que diriez-vous aux marques réticentes de collaborer avec des influenceurs ?
Je leur dirais de prendre davantage en considération l’Influence Marketing et d’envisager de placer les influenceurs au coeur de leur stratégie.
Les marques doivent savoir que les budgets liés aux influenceurs sont en augmentation chaque année.
Plus globalement, le secteur du marketing d’influence pèse encore beaucoup en 2020 : le chiffre de 10 milliards de dollars circule en ce moment.
Elles ont intérêt à élaborer une stratégie diversifiée afin de donner plus de poids aux actions menées avec les influenceurs, tant en termes de plateformes choisies (Instagram, Tik Tok, Youtube) que de types de contenus imaginés.
J’ajouterais pour terminer qu’elles devraient faire le choix de se faire accompagner par des experts afin de performer et d’imaginer une campagne à succès.
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